endangered phoenix
2 petits trucs sur les émeutes
(and, for the moment, one brief leaflet in English on the riots, added mid-December 2005)
Link to illustrated version
Pour le moment provisoirement - nous mettons que 2 petits textes sur les émeutes qui n'ont pas parru sur internet.
Réflexions Provisoires de Paris
Il mest évidemment difficile, malgré des conversations avec des amis, en particulier en province, de me faire des idées précises sur ce qui est arrivé ces quinze derniers jours et sur ce qui continue à éclater, de ci de là, de façon plus ou moins sporadique. Mais, je crois que nous pouvons déjà remarquer plusieurs choses.
Les émeutes, en région parisienne comme ailleurs, ont été médiatisées et gonflées à outrance pour faire peur aux bons citoyens et justifier les mesures sécuritaires démesurées prises par lEtat, à commencer par la sinistre loi coloniale de 1955. La France nen finit pas dêtre hantée par les démons de lEmpire
A Montreuil et aux alentours, tout particulièrement, il nest presque rien arrivé, presque rien de plus que ce qui fait « lordinaire » dans ces banlieues autrefois populaires mais déjà quelque peu « gentrifiés » et donc plutôt calmes malgré la présence de cités dortoirs. A en croire la propagande des médias, Paris et les villes de province étaient prêtes à être assiégées et envahies par des hordes de barbares qui campent au-delà des périphériques. Par lintermédiaire de copains qui étaient sur place, jai déjà la preuve de ce que javance, en particulier pour des villes comme Lyon, Marseille, Nantes, etc., villes où traditionnellement les banlieues sont plutôt remuantes. A Lyon, le dernier délire en date concerne la place Bellecour. Il a suffi de quelques jets de canettes et de poubelles sur les CRS pour que les médias parlent de « première intrusion en France des bandes de banlieue en centre ville », « démeutes au coeur de la capitale du Rhône », etc. Or, les brèves échauffourées à Bellecour ont été très en retrait, dans leur contenu comme dans leurs formes, de celles qui ont éclaté lors des grèves et des manifestations lycéennes, il y a quelques six mois, sans même parler des pillages sérieux dans les beaux quartiers autour de la place, il y a quelque trois ans. Dailleurs, il est de tradition à Lyon que les indisciplinés de toute espèce convergent vers Bellecour et y foutent le bordel avec plus ou plus de bonheur. Il faut toute la veulerie intéressée des médias pour cacher cela et présenter quelques empoignades avec les flics comme la prise dassaut du centre ville. Même dans des bourgs dArdèche où jai des copains, on a droit au même délire. Des villages autour dAubenas ont instauré le couvre-feu parce que « lémeute », trois voitures brûlées en ville !, « couve dans le département ». Textuel. Le ridicule ne tue plus. De même, dans le 93, dans des villes comme le Raincy, le couvre-feu a été instauré en ville alors quil ne sy passe jamais rien. Le Raincy, cest le Neuilly du 93 !
Evidemment, lalarmisme officiel ne signifie pas que létat durgence na été installé que dans des villes bourgeoises pour des raisons électoralistes. Ni que rien dimportant nest advenu. Déjà, les dernières émeutes révèlent au grand jour le caractère insupportable de la situation de ceux qui survivent, sous le harcèlement quotidien de la police, dans les cités dortoirs les plus délabrées et les plus touchées par la crise. Elles représentent des formes de révolte effective. Elémentaires certes, mais pas sans sens. En effet, les cibles des émeutiers, malgré le côté brûler « nimporte quoi » et attaquer « nimporte qui » qui est parfois apparu, nont pas été autant sans objet que le prétendent les médias. Au-delà de la litanie statistique sur le nombre de voitures brûlées, histoire de terroriser lautomobiliste névrosé qui sommeille derrière le citoyen, ce sont des postes de police, des écoles, des parkings de véhicules officiels, des entreprises de zones franches, etc. qui ont été attaqués. Il y a même eu des choses drôles, dans le 93, comme ces touristes russes qui ont été débarqués de leur bus à quelques kilomètres de Roissy, sans violence dailleurs, puis laissés ébahis sur le macadam tandis que les gus partaient avec le véhicule. De plus, contrairement à ce quaffirme la propagande des médias et de lEtat, les émeutes nont pas été portées par les gangs et encore moins par les imans. Là, où les gangs sont forts, ils contrôlent la situation en collaboration avec la police et les maires, et les imans font la même chose : des jeunes de cité, dans des coins que je connais au-dessus de Saint-Denis, commencent déjà à grogner contre les imans, cest déjà ça de gagner.
Pourtant, tout en reconnaissant cela, je ne puis partager linterprétation des émeutes donnée par le dernier carré des « autonomes » dans la majorité de leurs textes récents. Sous prétexte de ne pas « hurler avec les loups », ils reprennent les bonnes vieilles traditions de lapologie de la violence radicale, ils passent sous silence les contradictions réelles auxquelles sont confrontées ceux qui luttent, en règle générale sans en avoir conscience eux-mêmes. Il ne reste plus alors quà fermer les yeux sur les limites internes et externes qui les brident, dont ils héritent mais quils reproduisent trop souvent et à sen remettre magiquement « au mouvement », ici « lémeute », comme Deus ex machina situé au-dessus des individus et ordonnateur du dépassement. Mais si les luttes réelles évoluaient ainsi, de façon aussi linéaire et simpliste, il y a longtemps que la révolution serait faite ! Franchement, cette façon propre au mouvementiste des années 1970 daborder les difficiles questions auxquelles sont confrontées les luttes me gonfle, car le dépassement y est synonyme de « propagation » et « dextension » de la même chose. La vraie question qui se pose est celle des « objectifs », des « relations » tissées au cours et à travers les luttes, aussi bien entre ceux qui en ont pris linitiative, quentre eux et dautres, lesquels peuvent en reconnaître les côtés dynamiques, universels comme on le disait autrefois. Dès que lon pose les questions ainsi, les formes prises par les luttes, même lorsquelles sont violentes et destructrices, ne peuvent plus nous faire oublier la faiblesse de leur contenu. Pour en revenir plus concrètement aux émeutes actuelles en France, il est clair pour moi quelles sont en deçà, jusquà preuve du contraire, de celles que nous avons connu, il y a près de vingt ans, en Grande-Bretagne. Déjà, en termes de rencontres possibles et même de complicité dans laction, elles sont presque aux antipodes de ces dernières. Mais il est vrai que, à lépoque, la structure même des villes britanniques, en particulier lexistence de quartiers et de faubourgs populaires où les « communautés » coexistaient, facilitait les choses. Aujourdhui, même des amis qui connaissent bien les cités ghettos à la française, qui parfois y vivent, ont beaucoup de mal à y papoter, sans même parler du reste. Cela montre à quel point même ceux qui y bougent ont intériorisé les séparations qui sont propres à la structure sociale en France. De façon paradoxale, pas mal de jeunes et moins jeunes de banlieue considèrent les lieux où lEtat les parque comme le dernier territoire qui leur reste, à limage du dernier carré des ouvriers qui considèrent lentreprise qui les exploite comme leur propriété. Ils veulent essentiellement ne plus y être soumis au contrôle policier. Il me semble dailleurs que labsence presque totale de pillages de supermarchés, pourtant facile à réaliser les premiers jours, est lexpression de cette limite. Là aussi, la différence avec les émeutes au Royaume-Uni et aux USA est nette. Les textes que tu peux trouver sur le Web reconnaissent dailleurs implicitement les limites en question puisque quils ne proposent rien dautre que daller aux procès, dexiger lamnistie, etc. Bref, de faire du « soutien ». Je ne dis pas quil ne faut pas le faire. Mais si les émeutes étaient aussi dynamiques quils le laissent entendre, elles auraient aussi constitué des moments de rencontre avec autrui et nous y aurions pu y faire bien dautres choses que du « soutien ».
Originalement, il y avait un texte interessant ici qui s'appelle "Remarques d'un Toulousain, novembre 2005", mais nous avons découvrir que ce texte parait ailleurs sur l'internet, que l'on peut trouver sur le site indymedia/paris et écrit par: .
En place de ça on met un nouveau texte, en français et en anglais:
QUELQUES NOTES SUR LES EMEUTES POUR TOUS CEUX QUI VEULENT CHANGER LE MONDE
Presque toutes les différentes attitudes parmi les 'radicaux' envers les émeutes - pour, contre, moitié pour, moitié contre, parfois pour des raisons très différentes - viennent d'une indifférence à influencer et être influencé par ceux qui ont initié ces émeutes et laissent l'influence aux forces dominantes, une influence purement repressive. Peu de gens osent risquer la possibilité d'un dialogue réciproquement radicalisant, un developpement réciproque et pratique au-delà du climat actuel de peur, d'angoisse et/ou d'apathie. Presque tous les radicaux se complaisent à interprêter le monde de façon critique, bien sur - mais sans changer leur interelation à celui-ci.
Si les émeutes ici en France servent à développer quelque chose de plus que le pouvoir de l'Etat, il est essentiel qu'elles se dégagent de la marginalité des ghettos et qu'elles admettent le côté stupide des actes de quelques d'émeutiers. Il faut distinguer entre ce qui est fièrement courageux et radical dans les actions et attaquer celles qui sont seulement le reflet de cette société merdique, cest-à-dire une expression de la guerre normale et banale de chacun contre tous. Ce nest pas parce que la plupart des radicaux ne subissent pas la même misère que ceux qui vivent dans les cités quils devraient se sentir coupables de critiquer les actes horribles commis par certains émeutiers, pas plus que le fait que certaines de ces actions soient déplorables ne servent à condamner avec arrogance la majorité dexcellentes actions nécessaires.
Il y a ceux qui soutiennent les émeutes, mais disent : "C'est leur lutte". Mais, si c'est leur lutte c'est la nôtre aussi, parce qu'elle a une influence sur nos luttes, ne serait-ce parce que l'Etat utilise ces émeutes pour intensifier ses forces repressives. Clairement, nous avons intérêt à ce que les émeutes aillent plus loin, parce que nous ne voulons pas rester dans nos ghettos auto-définis ou définis par cette société. De plus, il n'est pas question de seulement 'soutenir' les émeutiers: on ne peut pas laisser critiquer certains aspects psychotiques des émeutiers par une société dont la normalité est elle-même psychotique.
Nous reconnaissons le besoin de developper ce qui est radical dans ces émeutes (la vraie communauté de lutte découvrant son plaisir à attaquer leurs propres ennemis - attaques contre les flics et les BACs, contre les journalistes, les attaques trop peu nombreuses contre les supermarchés, les escrocs des zones franches, les usines à ignorance que sont les collèges et les lycées, etc.). Mais nous devons aussi attaquer ce qui est réactionnaire dans ces émeutes (attaques contre les bus, brûler les parking en-dessous des cités, attaques contre des individus, contre les écoles maternelles, etc.). Nous devons reconnaitre que les aspects fous de ces émeutes ne sont pas le produit de l'échec de cette société moderne, comme le voudrait le discours dominant, mais plutôt le produit excessif de son succés, qui est de détruire - chez la majorité des individus - la capacité à reconnaître leur misère chez les autres et à reconnaître la lutte des autres contre celle-ci; le succés de cette société moderne qui détruit tout ce qui ne lance pas lego dans la direction dun jeu de pouvoir hiérarchique contre dautres individus; le succés qua cette société de détruire toute possibilité de se comporter dune autre façon, de détruire toute autre société possible ; le succès de cette société qui détruit toutes les vieilles communautés et la mémoire historique des communautés en lutte contre ce monde.
Au début d'octobre, à Marseille et en Corse, la grève des marins des ferrys contre les licencements et la privatisation, et notamment la mutinerie et les grèves de solidarité que ce mouvement a inspiré, ont aussi incité des émeute de jeunes contre les flics dans les cités à Bastia. C'était à ce moment là que l'unité possible des grèvistes 'normaux et des jeunes chômeurs soit-disant 'marginaux'' avait une chance de se développer et devenir un exemple potentiel des plus menaçant pour ce monde sénile. Je note soit-disant 'marginaux' parce quen effet la grande majorité des gens sont poussés aux marges de ce monde, quils aient du travail ou non.
Malgré les angoisses et les méfiances, si nous devons avoir un futur qui ait un sens, une lutte pour casser les fausses divisions -que cette société maintient afin que les dirigeants puissent diriger-, doit se développer.
Tout ça c'est vital, urgent, pour que la France, et le reste du monde, ne tombe pas dans un échec pire que tout ce que nous avons connu jusquà maintenant. Dans le Royaume-Uni, lécrasement presque absolu de toutes les perspectives revolutionnaires a eu un resultat désastreux sur les vies des pauvres et sur tous ceux qui sévertuent à obtenir une nouvelle vie. La perte de conscience et de mémoire des traditions des luttes, solidarité et entraide de plus de 200 ans fut un désastre pour tous ceux qui en ont souffert. Partout le totalitarisme capitaliste paraît interdire de plus en plus la possibilité de sopposer à cette totalité et de créer, par la même, des relations sociales différentes.
Partout où il y avait une communauté capable de résistance, il reste maintenant une carcasse vide dominée par la déchéance ; le comportement anti-social se ravitaille chez des zombis drogués par le crack et des bandes de jeunes vicieux et nihilistes qui insufflent la peur et la paranoia dans la vie sociale, poussant les plus vulnérables hors des espaces où ils auraient pu auparavant maintenir réseaux et interactions sociales.
D'accord tout ceci est un tableau exagérément désolant, mais même où les choses ne sont pas aussi mauvaises que ça, la ménace tenace de telles invasions et détèriorations produit sa propre méfiance et une étroite tension. Peu de gens croient mêmeà la possibilité dune amélioration qualitative à travers le changement social, même léger, quimporte la tâche de créer une société radicalement diffèrente.
Ce à quoi aspire le plus les gens est la perspective de travailler comme des nègres toute leur vie avec lespoir davoir fini de payer leur crédit immobilier suffisamment tôt pour leur laisser assez dépargne pour leur vieillesse; ou à limpossible chance de gagner le Loto; ou seulement de réussir à accéder à suffisamment de standing pour se sentir un peu plus en sécurité, supérieur et/ou complaisant que ceux qui sont au-dessous de vous (sans vous débarraser de l'insécurité plus profonde qui nourrit le besoin de se sentir supérieur). Ou seulement consacrer toute son énergie à grimper sur le dos des autres afin daccéder à la gloire et la fortune comme célébrité et/ou homme/femme d'affaires. Ceci ne sont que quelques unes des misères déjà présentes, mais prêtes à être quantitativement et qualitativemment étendues si la classe dominante française réussit à Thatcheriser définitivement le pays, ce quattend la grande majorité de la France.
Ceux qui reconnaissent ces contradictions fondamentales auraient essayer de communiquer cette reconnaissance à ceux qui essayent de combattre leur misère (en allant dans les cités, ou aux tribunaux des personnes arrêtées, malgré la crainte de la façon dont on pourrait être reçu, la méfiance ) , certainement pas pour prêcher une vérité fixe et banale comme celle des Léninistes patronisants qui 'interviennent' dans toutes les luttes avec l'espoir de faire des recrues, mais d'entrer dans un dialogue, de développer notre propre connaissance et de développer des actions possibles qui peuvent briser les séparations de ce monde. Nous savons que nous n'avons pas d'avenir dans ce monde marchandisé, ce Titanic qui dérive vers l'iceberg de la catastrophe absolue, qui détruit bien plus en 10 heures de normalité quen 10 jours d'émeutes. Peut-être avons-nous créé un nouveau monde dans nos coeurs et nos têtes mais ceci doit être transformé en actions pour que les ruines de cette vie malade ne nous ruinent pas complètement.
Je remercie C. sans laquelle cette traduction n'aurait pas existé.
NOTES ON THE RIOTS FOR ALL THOSE WHO WANT TO CHANGE THE WORLD
Virtually all the different attitudes towards the riots amongst 'radicals' - for, against, partly for, partly against, sometimes for very different reasons - stem from an indifference to influencing and being influenced by those who have initiated these 'riots' - which leaves influence to the dominant forces, a purely repressive influence. Few dare to risk the possibility of a mutually radicalising dialogue, a reciprocal practical development beyond this present climate of fear, anxiety and/or apathy. Almost all the radicals want to remain content to just interpret the world, and not change their relation to it.
If the riots here in France are to develop something more than the power of the State, it's essential that they break out of the marginal ghetto and that they confront the sick and stupid acts of many of the rioters. They must distinguish between what is proudly courageous & radical in their actions and attack those actions that are merely the mirror image of this shit society, an expression of the normal, banal war of each against all. The fact that most radicals are not subject to the same degree of misery as those who live on the estates should not be an excuse for making people feel guilty for asserting a critique of some of the horrible acts of some of the rioters any more than the fact that some of these actions are deplorable should be used to arrogantly condemn the majority of excellent necessary actions.
There are those who support the riots but say "it's their struggle". But, on the contrary, if it's their struggle it's ours' too - because it has an effect on our struggles (if only because the State is using the riots to intensify its repressive forces). We clearly have an interest in the riots going further, because we don't want to remain in our ghettoes, self-defined or defined by this society. Nor is it a question of merely 'supporting' the rioters: we cannot leave criticism of the aspects of these riots which are psychotic to the dominant 'normal' psychosis of this society. We recognise the need to develop what is radical in these riots (the real community of struggle discovering its pleasure in the attacks on its real enemies - attacks on the cops and the Bacs, journalists, trhe occasional attacks on supermarkets, the conmen of the 'zones franches', the factories of ignorance that the colleges and lycees are, etc.). But also we also need to attack what is reactionary in these riots (attacks on buses, burning car parks under housing estates, attacks on individuals, on nursery schools, etc). We must recognise that the insane aspects of the riots are not the product of the failure of modern society, as the dominant discourse has it, but rather the excessive product of its success, above all, the success in destroying in the majority of individuals the ability to recognise their misery and the fight against it in others, the success of modern society in destroying all sense of direction other than that of the individual ego in a hierarchical power game against other individuals, the success of this society in destroying all sense of the possibility of any other way of behaving, of any other possible society, the success of this society in destroying all community and the historical memory of communities in struggle against this world.
At the beginning of October, in Marseille and Corsica, the strike of the ferrymen against redundancies and privatisation, and in particular, the mutiny and the solidarity strikes that this movement inspired, also incited a riot of youths on estates in Bastia. It was here that the possible unity of 'normal' workers on strike and the so-called 'marginal' unemployed youth (so-called 'marginal' because effectively the vast majority are pushed to the margins of this world, whether they have work or not) had a chance of developing, and which was a potential example most threatening to this senile world. Despite the anxieties and suspicions, if we are to have a meaningful future, a struggle to break down the false divisions that this society maintains so that the rulers can rule must develop.
All this is vital, urgent, if France, and the rest of the world, is not to fall into a defeat worse than anything that's been known up till now. In the UK, the virtually absolute crushing of all revolutionary perspectives has had a disastrous result on the lives of the poor and on all those striving for a new life.The loss of consciousness and memory of the over 200 year old traditions of struggle, solidarity and mutual self-help have been a disaster for all who have suffered it. Everywhere, capitalist totalitarianism increasingly seems to prevent the possibility of opposing this totality and of creating very different social relations in the process. Wherever there was a community capable of resistance now it seems theres an empty shell dominated by decay; anti-social behaviour fuelled by psychotic zombie crackheads and gangs of vicious nihilistic youth; instilling fear and paranoia into social life, driving the most vulnerable out of the public spaces where once they could maintain social networks and interaction. Admittedly, overall this is a onesidedly bleak picture, but even where things are not this bad, the nagging threat of such invasions and deterioration produces its own narrow suspicion and tension. Few believe in even the possibility of qualitative improvement through social change to any mild degree, never mind the task of creating a radically different society. The most that is aspired to is the prospect of slogging your guts out for a lifetime in the hope youll have paid off a mortgage leaving you with enough savings to see you through old age. Or the outside chance of the fantasy of a Lottery win coming true. Or just getting into a position of enough status to make you feel a little more secure, superior and/or smug than those beneath you (without ridding you of the deeper insecurity that feeds the need to feel superior). Or just devoting all ones energies to crawling over the backs of everyone else in the pursuit of fame and wealth as a celebrity and/or businessperson. These are just some of the miseries, already here, but ready to be quantitavely and qualitavely extended should the French ruling class succeed in definitively Thatcherising the country, that awaits the vast majority of France.
Those who recognise these fundamental contradictions should be trying to communicate this recognition to those who are trying to fight their misery - to go to the estates, or the courthouses of those arrested, despite the fear of how we might be received, the suspicion, certainly not to preach a fixed banal truth like the patronising Leninists who 'intervene' in all struggles with the hope of picking up recruits, but to enter into a dialogue, to develop our own knowledge and to develop possible actions that could break down the separations of this world. We know we have no future in this commodified world, this Titanic drifting towards the iceberg of absolute catastrophe, which destroys far more in 10 hours of normality than it does in 10 days of riots. We may have created a new world in our hearts and heads but this needs to be transformed into actions if the ruins of this sick life are not to ruin us completely.
Written mid-November 2005, translated into French mid-December.
Also see new text on French rap relating to post-riot legal prosecutions of rappers, in "Some Musical Notes".
endangered phoenix
Top of Page